lundi 31 octobre 2005

SDF 2B. 

Il parait que parfois je ne suis pas tellement claire.
Il parait que je devrais faire plus d'effort pour communiquer.
Il parait que laisser la vaisselle et les sacs de courses trainer pendant des jours dans la cuisine, c'est pas tellement grave, non. Ne jamais passer l'aspirateur, par contre, c'est à la limite du crime contre l'humanité.
Il parait qu'en tant qu'amie, je devrais comprendre l'importance de l'aspirateur, quand même.
Il parait que oui, espérer un minimum de compréhension sans en passer par de longues explications, c'est un peu crétin.
Et tout ceci est très certainement tout à fait vrai.
Il n'empêche, il semblerait surtout que la lune de miel soit finie et que le déménagement soit proche.
Parce que finalement, Fiona ne sera jamais Helen.
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dimanche 30 octobre 2005

There's something very queer about the warren this evening... 

Comme tout dimanche matin qui se respecte, le réveil a une fois de plus raté sa mission de sauvetage du week-end qui part un peu en couille, parce que passer mon samedi avec mon labmate préféré avec qui je partage quasimment tout mon temps libre ces temps-ci, ce qui entraine de sérieuses confusions dans mon cerveau quand je l'entends dire que les femmes sont toutes flirty quand elles parlent aux hommes, parce que, euh, tu sais, je suis une femme, toi un homme, et en fait je ne suis pas flirty pour un brin là, j'te jure, et puis arrête ton sourire en coin sur le champ quoi, bref, passer autant de temps avec lui n'étant pas prévu au programme des réjouissances de cette fin de semaine (qui contenait exactement 3 items: light and auxin signal integration; le roi et l'oiseau au ciné dimanche à 13h; light and GA signal integration, autant dire un programme de rêve), dimanche se devait d'être particulièrement efficace, concentré, et organisé.
Et dès le réveil, ça partait en couille, donc.
Ce qui ne m'a pas empêché de finir un pot de confiture de cynorhodons (encore un talent caché de mon père, qui aurait définitivement du faire carrière chez Bonne Maman) dans les vapeurs de thé et face à mon Science & Vie pendant les quelques heures qui me séparaient de "la journée qui commence tard" à "merde, mais c'est déjà l'après-midi, bordel".
Bref, j'allais presque oublier le Roi et l'Oiseau, quand je m'en suis souvenu.
Douche d'urgence, recherche improbable de vêtements propres-et-seyants à J+8 de la dernière lessive (enfin un challenge, un vrai), mais je n'arriverai jamais au cinéma à l'heure, merde de bordel de merde, mais pourquoi suis-je systématiquement toujours et continuellement en retard, for f*ck sake.
Bref, les clefs à la main et les cheveux mouillés, je m'apprêtais à passer la porte pour me jeter dans la voiture-de-chef, en me disant que de toute façon j'arriverai toujours à temps pour les 2 seules minutes qui me font vouloir revoir ce film pour la (III et V font VIII et VIII font XVI ?) ème fois, c'est à dire le célébrissime passage où l'oiseau berce sa couvée au son de "Dormez, dormez, petits oiseaux, petits oiseaux chéris.. papa est là qui veille, papa qui veille au grain... dormez petites merveilles, il fera jour demain..." Oh oui, je sais, ça n'a l'air de rien comme ça, et c'est une raison un peu mince pour aller voir le traditionnel film de Noel une veille d'Halloween, les cheveux dégoulinants et le coeur battant parce que mine de rien en fait je déteteste être en retard, même si parfois je le cache bien. Maintenant, que celui qui a été élevé par son père me jète la première pierre. Les autres, passez votre chemin, vous ne pouvez pas comprendre.
Bref, j'en étais au moment où, les clefs en main, je courrais vers la porte d'entrée. Quand tout à coup mes cellules gliales ont du me faire le coup du 2ème cerveau, celui qui marche plus lentement, mais sans qui Alzheimer s'installe. (je l'ai déjà dit que j'ai passé le p'tit déj à lire Science & Vie ? Ah, oui.) Bref, évidemment, nous sommes de retour sur Greenwich aujourd'hui même, et j'avais donc finalement 1 heure et 10 minutes pour arriver au cinéma, ce qui fait qu'à raison d'un trajet de 10 minutes en voiture, en ajoutant 5 minutes pour trouver une place ET faire un créneau, parce que depuis qu'il n'y a plus l'autocollant sur le pare-brise arrière de la Clio de l'auto-école, j'ai un peu du mal avec les créneaux, et oui c'était il y a 9 ans, mais en même temps je traine des handicaps insoupçonnés, faut pas croire, bref, et avec un sprint vers le filmhouse de bien 4 minutes -7 minutes si cigarette et donc pas sprint -, j'avais donc finalement un paquet de temps devant moi avant d'être à nouveau en retard.
Je me demande si mes phrases ne sont pas un peu décousues aujourd'hui quand même. M'enfin on va dire que non.
Bref, et après vérification sur BBC Scotland qu'il n'était vraiment pas encore midi, et que finalement la journée n'était pas partie en couille à cause de mon réveil mais à cause de ma lenteur à réaliser que mon réveil était un menteur, j'ai finalement vu l'oiseau, le roi, le petit ramoneur de rien du tout, la charmante bergère, et surtout une tripotée d'enfants bilingues disséminés dans les rangs de la toute petite salle de ciné. Et observer un enfant d'environ 3 ans, un lapin en peluche dans la bouche, parlant systématiquement français à sa grand-mère qui s'échine à lui répondre en anglais, j'ai trouvé ça encore plus joli que le poing du robot libérant à jamais tous les petits oiseaux du monde, puisqu'a life without freedom is no life, comme quoi Jacques Prévert et Mel Gibson sont plutot d'accord sur certains points essentiels. (Je l'ai déjà dit que j'ai acheté le DVD de Braveheart samedi ? Ah non, ça je ne l'avais pas encore dit, hein)
Toujours est-il que sur mes 3 items du week-end, 2 sont quand même passés à la trappe, même si j'ai enfin fini de dévorer Watership Down, qui non seulement va rejoindre dès à présent le panthéon de mes livres vénérés, mais qui en plus m'a permis d'entamer une utilisation quasi-exhaustive de mon dictionnaire de poche anglais-français, dont j'avais trop hativement jugé l'utilité superflue, parce que oui, il existe un mot en anglais qui signifie "courrir érratiquement vers le haut" (mais non, je ne me souviens plus lequel), et tout plein d'autres termes qui s'adaptent parfaitement bien aux aventures lapines et que je ne connaissais pas, et avec une fréquence d'apparition de mots inconnus moyennant à 3 par page, mon dictionnaire a subit de fréquents outrages tout au long de ces 473 pages. Enfin bref, depuis ce week-end, je n'aime plus les chats, les renards, et les hommes. Et je ne regarderai plus jamais les lapins qui trainent sur le campus de la même façon. Ni les renards, d'ailleurs. Ni même les hommes, mais c'est peut-être une autre histoire.
Toujours est-il que la fin de semaine s'achève une fois de plus sur une saveur désagréable de culpabilité à l'arrière gout d'auxine, mais avec un peu de chance, chef, qui elle a fini toute sa partie sur light-clock connections, sera convaincue par mes histoires de lapins, oiseaux, ramoneurs et autres cynorhodons, demain matin.
J'ai quand même quelques doutes.
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vendredi 28 octobre 2005

Si je t'avais pas... 

Mes vendredis se suivent et se ressemblent.
Sombres et humides, avec des montagnes de boites de pétri, des milliers de graines à semer, un poignet qui implore un moment de grace, la pluie sur les carreaux, et surtout l'air qui sent bon le labo-du-vendredi-soir.
Et malgré tout ce qui rate, tout ce qui reste à faire, tout ce qui ne se fera jamais, toutes les incertitudes, répétitions, frustrations, déceptions et autres angoisses, malgré tout ça, les vibrations de la hotte me rappellent une fois de plus que je fais décidément le plus beau métier du monde, et qu'il n'y a nulle par ailleurs où je préférerais être.
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A beautiful mind... 

Contexte: Eve broie de l'Arabidopsis à grand coup d'azote liquide dans le labo déserté. D. passe dire "See you tomorrow !" avant de rentrer chez elle.
- Hey, D., what do you think would happen if i'd dip my hair in liquid nitrogen ? Do you reckon i could make some hair RNA as a negative control ?
- ...?!?...
[which probably meant: Eve, you're working too hard, stop it right now and go home !]
Contexte: Eve et G. sont au pub entrain de refaire le monde dans les vapeurs d'alcool [et l'huile de friture] pour la 3ème fois de la semaine.
- Hey, imagine, if your middle name was "William", then your initials would be "GWD", just like the enzyme D. works on... that's amazing, isn't it ?
- ...?!?...
[which probably meant: No, Eve, it is NOT...]
Contexte: J., nouvellement recrutée par le H lab [comme quoi il exsite une justice dans ce monde, bordel] et en pleine euphorie post-annonce de la bonne nouvelle vient dire bonjour à sa nouvelle future collègue de dans 3 semaines [oui, moi] .
- Hey, J., congratulations ! I'm so glad you got the job !!... So... how do you feel about knowing that you're going to work on SW's bench ?
- ...?!?...
[which probably meant: No, seriously, Eve, WHAT are you on ??...]
Je crois donc qu'il me faut définitivement trouver un moyen de couper l'alimentation de mon cerveau de temps à autre... ou du moins du haut-parleur...
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mercredi 26 octobre 2005

Alcool(s). 

Parfois on croit naïvement que la seule solution à toutes les questions existentielles de la journée se trouvent sous de multiples verres de vin rouge qu'il faut vider en un minimum de temps, afin de découvrir si décidément il serait possible de supporter une élévation brutale et prochaine du niveau de testostérone du labo.
Ca ne marche pas, en fait.
Ce genre de réponses se trouvent rarement au pub, et encore moins dans les lendemains matins au crane douloureux. Et ce même s'il est définitivement salutaire de passer de longues heures à refaire le monde avec son labmate préféré qui lui boit des bières, comme quoi de la testostérone il en a aussi, oh mais oh, ce qui suggère fortement que la gentillesse et la sensibilité ne sont pas entièrement sous controle hormonal.
Certes.
Alors ce soir je vais tester la méthode oestrogène-progestérone-papotages-entre-filles-chez-ikéa. L'avantage double étant que je devrais au moins m'en tirer avec un nouveau fauteuil pour lire mes publis dans un confort maximum le week-end, et sans mal au crane.
A moins qu'ils insistent pour nous offrir une dégustation gratuite de spécialités alcoolisées suédoises à la cafét, s'entend...
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lundi 24 octobre 2005

First and bad impression. 

Demain, on a interviews.
Bon, jusque là, rien d'anormal, même si savoir que bientôt la concurrence sera rude pour obtenir la place tant convoitée (enfin du moins par moi, hein) de postdoc préféré(e) de chef, ça ne m'enchante pas tout à fait. En même temps, il faut apprendre à partager maman, et puis que quelqu'un de compétent se mette à utiliser la paillasse abandonnée de SW, c'est plutot bien. A condition qu'on recrute quelqu'un de doué en gateaux-du-vendredi-matin, aussi. Finalement, en plus du talk, on aurait du demander aux candidats de participer à un concours de cuisine.
Bref, demain, on a interviews.
Et je ne peux pas m'empêcher d'avoir un avis biaisé sur un des candidats. Parce que je l'ai rencontré dans une conférence, oh il y a longtemps mais bon, il m'avait un peu tappé sur les nerfs à me suivre partout là comme ça. Et puis, honnêtement, il me semble que son profil ne colle pas aussi bien au projet que celui d'une autre candidate, mais il vient d'un "gros labo", alors s'il vient d'un "gros labo", chef le veut. Règle du jeu à la con qui me donne envie de vomir.
Heureusement et malgré les demandes insistantes de chef, je n'ai finalement pas le droit de participer a l'interview pannel. Heureusement, parce que ne pas être du même avis que chef, ça pause des cas de consciences difficiles à résoudre dans cette dictature démocratique qu'est notre labo. Heureusement aussi, parce que j'ai du mal à garder mon objectivité aujourd'hui.
Parce qu'en plus du mauvais souvenir du garçon collant qui traine dans mon cerveau depuis 2 ans, voici que le garçon en question est arrivé comme une fleur et à la porte du labo ce soir. S'étonnant que personne ne soit à sa paillasse. Et n'hésitant pas à me tenir la jambe pendant plus de 40 minutes, malgré mes efforts insistant pour expliquer que non, visiter le labo là tout de suite alors qu'il fait nuit dehors et que je suis entrain de travailler, oui, en effet, c'est pas tellement possible, et puis chef m'a collé une heure en tête à tête avec toi demain après-midi pour te faire faire le tour de nos facilités, et du coup c'était pas prévu pour ce soir, alors à demain hein d'accord ?
Et quand, après lui avoir montré la salle dans laquelle il doit présenter son talk demain à 14h30, salle idéalement positionnée tout près de la sortie du batiment, vers laquelle il était alors tout naturel que je le dirige alors, il m'a annoncé qu'il reviendrait demain à 11h, j'ai eu du mal à réprimer un mouvement de surprise et d'agacement.
Etre motivé, c'est bien.
Insistant, beaucoup moins.
La frontière entre les deux est ténue, certes. Et j'imagine déjà chef être impressionnée par la 'détermination' du garçon.
Toujours est-il que de 11h à 14h30, ça fait quand même bien 3 heures et 30 minutes à tuer, et de là à ce que chef me le refile dans les pattes pour aller à la cafét, j'en pratique déjà mes exercices de respiration "keep-cool-smile-yes-boss-whatever-you-want-boss" en ronchonnant.
Enfin bref, on a interviews demain.
Et en y réfléchissant bien, il me semble bien qu'il y a des chances que je ne perde pas ma place de première postdoc dans le coeur de chef, finalement...
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vendredi 21 octobre 2005

Few facts. 

Dehors, il pleut.
Dedans, mes boites sèchent sous la hotte.
C'est beau un labo sous la pluie.
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Convertisseur hystérique. 

J'ai un gros bouton qui pousse sur la joue droite. Le genre de bouton qu'on ne rencontre plus une fois l'adolescence passée, ou alors une fois l'an, dans les grands moments de déprime post chocolat/charcuterie. Le genre de bouton qui ramène des vieux souvenirs pas très agréables de visage pas défiguré mais quand même objectivement bien sous emprise hormonale un peu dégueu, qu'on cache comme on peu, avec une frange jusqu'au nez par exemple. Comme quoi ça a du bon de vieillir.
Bref, n'empêche ce soir, vieille ou pas, là, j'ai un gros bouton.
Et puis j'ai un talk à donner dans 5 heures. Juste une petit talk de rien du tout devant des gens de l'institut, un petit talk de rien du tout et pas bien fini d'ailleurs, auquel je viens de mettre le dernier point il y a 5 minutes en me disant que c'est un peu bancal mais merde on s'en fout, là. Comme j'ai un chouilla envie d'aller roupiller pour une petite demi-heure avant d'aller sous la douche et de retourner au labo, où je suis en ce moment même, heureusement que les transports sont rapides entre mon lit et ma paillasse, finalement.
Bref.
J'ai un gros bouton.
Et un talk pas vraiment bien prêt.
Alors je me demande...est-ce que mon subconscient croit VRAIMENT que si on me lance des tomates à la fin de ma présentation, j'arriverai à croire que c'était parce qu'avec mon bouton je suis vraiment pas jolie, et non pas parce que mon talk était mauvais ?
Sérieusement ?
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jeudi 20 octobre 2005

Ps 23:1-6 

J'ouvre le placard au-dessus de mon ordinateur. 3 tasses, des sachets de thé, du café lyophilisé, une pile de publis. Rien à manger.
J'ouvre le 1er tiroir. Un beau bordel, mais pas de vieux mars entamé, pas de gateau caché dans un recoin, pas même une veille pièce de £1 pour nourrir la vending machine. Rien, rien, rien.
J'ouvre les autres tiroirs, pleins de lab-books, protocoles et autres oligo synthesis reports en vrac, mais rien à manger.
Je vais faire un tour dans le bureau, des fois que quelqu'un ait laissé trainer un vieux bout de pain ou un paquet de bonbons, comme parfois ça arrive, et alors c'est la fête. Mais là rien.
J'ouvre le frigo. Vide.
Je finis pas aller vérifier mon casier, que je n'ai pas ouvert depuis bien 2 mois. Miracle, ce vieux paquet de réglisses salés danois à moitié vide plein. Skipper mix. De chez Haribo, certes, mais franchement dégueu, parce que vraiment, le réglisse salé et épicé, j'ai l'impression qu'il faut avoir été sérieusement élevé au stimørøl pour aimer. Mais j'ai faim, après tout.
2 bonbons avalés en grimaçant et un chewing-gum à la menthe plus tard, je repose le paquet de réglisses au fond de mon casier en décidant d'abandonner mes ambitions scandinaves et je retourne continuer la préparation de mon talk-que-j'ai-annulé-il-y-a-2-semaines-en-me-promettant-de-le-préparer-en-avance-cette-fois-ci-parceque-travailler-à-la-dernière-minute-y'en-a-marre-à-la-fin-et-que-je-dois-finalement-donner-demain-matin-et-qui-biensur-n'est-pas-du-tout-prêt le ventre vide.
Après tout, bien fait.
J'ouvre quand même le placard au passage, celui qui est au-dessus de mon ordinateur, sait-on jamais, si un paquet de biscuits était apparu dans les dernière 5 minutes.
Mais non, toujours pas.
Finalement, les miracles, c'est vraiment que des conneries.
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mardi 18 octobre 2005

Culture pub. 

Au pub quiz de la soirée, j'ai été brillante.
Si, si.
Non parce que dans ma vie bien réglée et un poil rigide, le mardi soir c'est espagnol. Mais ce soir y'avait pas, alors au lieu de profiter d'une soirée de libre pour travailler un peu plus, j'ai été au pub quiz du campus, histoire de boire des bières en faisant semblant de croire que j'avais du temps à perdre, parce que je peux quand même facilement me convaincre de choses un peu stupides, de temps en temps.
Si, si.
Bref, j'ai été brillante.
Si, j'insiste.
Sur la soixantaine de questions, j'avais 3 réponses.
Elisabeth Montgomery [Bewitched], "It's a small world" [Disneyland], et Hammer to fall [Queen].
Voilà toute ma culture générale.
Et le mieux: j'étais la seule à pouvoir apporter ce savoir inestimable à notre équipe de 5 scientifiques à lunettes, ébahis par tant d'à propos intellectuel.
D'ailleurs, en y re-pensant, j'étais la seule à porter des lunettes, en fait.
Décidément, c'est vraiment bon de se sentir inutile, parfois.
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lundi 17 octobre 2005

Because i'm lovin' it.... 

I arrived as late as i could in the lab this morning. Not exactly on purpose. Not exactly without a purpose. I've got those bloody double mutants to check this week, those double mutants that may not be double eventually, as i discovered last thursday night, as i announced to my boss half panicking, half trying really hard not to cry last friday morning, after a sleepless night full of tears, because so many experiments are just going to be trashed. Bad luck is definitely following me everywhere i go. I work hard, i actually do, and i love what i'm doing, but sometimes, i just wish i'd get a little help from whoever reads the Big Book upstairs somewhere above my head, whether It exists or not.
With this book chapter deadline approaching far too fast, and this talk i definitely have to give next friday, i'd make myself swear i wouldn't touch a pipette during the week-end, forgetting any kind of lab work, just for 48 hours, and keeping my brain active, reading about light and hormons interactions, instead of running into yet another PCR to avoid having to think, because although i enjoy using my brain, it's definitely the laziest organ of my body, especially when it comes to auxin signalling.
Not only haven't i touched a pipette for over 48 hours, but my brain has actually stubbornly kept its virginity towards any kind of plant hormon influence over the week-end.
Almost unbearable guilty feelings have been flowing through my body since last night, feeding my self-esteem's downfall... i really ought to be used to those awfull sunday nights by now, but actually i'm not.
Still, i arrived late in the morning, not willing to face the situation. Chatting to as many people as i could in the office, since 48 hours of silence is sometimes hard to live through, and i was eventually relieved to see some friendly faces and to hear some friendly voices, since i'd almost forgotten how nice it was to communicate with people for the last 2 days. Last week-end wasn't only a waste of time, it was also extremely lonely, even for my hermit standards.
I arrived late, and did nothing. Tidying-up my desk. Taping a new white-board on my cupboard, in a vain effort of trying to be a wee bit more organised. Going from a growthroom to another looking at my plants, none of which needed any more water, after the bath i'd given them the day before. Cursing the fate or whatever made me who i am, this person that i really can't like, no matter how hard i try, but do i really try that hard ?
By 3.30pm, as i couldn't find anything that needed to be organised, cleaned or watered, i eventually sat down and started what i should have done on saturday morning. Book chapter write-up.
Which means that i'm exactly 53 hours behind my schedule, which was actually a "last-chance-to-get-through-everything-in-time-emergency-schedule". And it's only monday evening. Stress is already dripping all over me, and the week has just begun.
Remind me, why have i chosen this life exactly ?
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dimanche 16 octobre 2005

Imagine 

Levée aux aurores, couchée avec les poules, une tonne de travail abattu, une alimentation équilibrée, un week-end parfait, très fière de moi.
Après tout, qui sait, un jour ça m'arrivera peut-être.
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vendredi 14 octobre 2005

La vérité si je mens... 

Rigoler, pour un rien, juste comme ça, en se forçant un peu quand même, avec un demi-coeur convaincu, l'autre moitié toujours un peu ronchonne, mais insister, et rigoler, malgré la fatigue d'une nuit d'insomnie à essayer d'oublier le labo sans jamais y parvenir, malgré ce vendredi soir vide de solution, malgré le week-end studieux et angoissé qui s'annonce, juste rigoler malgré tout, parce que c'est vachement mieux, la vie en rigolant.
Tant pis si je mens un peu, tant pis si je ME mens un peu, tant pis si une larme s'échappe au passage, y'a qu'à croire que je pleure de rire, après tout, ça m'arrive tellement souvent, les fous rires mouillés, tant pis si j'ai quand même un petit peu froid, un petit peu la trouille, un petit peu pas tellement envie, un petit peu plus rien, que du découragement.
J'ai quand même envie de rigoler, ne serait-ce que pour me prouver que la vie ne me fait même pas peur du tout, non mais oh, qu'est-ce que tu croyais...
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Commandement nº4 bis: Honore ton père et ta belle-mère... 

Papa a décidé que la France c'était nul, et qu'il fallait partir. Parce que vraiment c'est plus ce que c'était. Il irait bien au Maroc, soudainement devenu le pays de ses rêves, mais Laurence n'aime pas les arabes. Ou en Ecosse, pour y retrouver sa fille, finalement c'était joli Edimbourg, mais il y fait un peu trop froid, et puis il ne sait pas parler anglais, alors ça pourrait être difficile (oh putain j'ai eu chaud). La Belgique c'est plat et chiant, la Suisse pour les riches, le Québec trop loin. Mais décidément, la France c'est nul, et tu vas voir ma p'tite crotte, on va vraiment s'tirer d'ici avec Lolo, parce que c'est de plus en plus du n'importe quoi ce pays de merde.
Oh, pitié, dites moi que les chiens PEUVENT faire des chats, et que tel père telle fille c'est de la connerie parfois, hein...
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Relativité douloureuse 

Je vis dans un microcosme ridiculement minuscule où les moments de panique ou de joie intenses ne peuvent être partagés que par quelques personnes, pas plus nombreuses que les doigts d'une main. Cette poignée seule sait tout. Journées noires de fatigue, euphorie de la manip enfin réussie, coups de pieds dans les portes des placards, schémas farfelus sur le tableau blanc, idées, doutes, résultats préliminaires, comment cacher la poussière sous le tapis, tout ça se passe entre nos murs, derrière la porte du labo.
A partir du couloir, un territoire ami mais étranger, d'autres labos, d'autres soucis, d'autres réussites, pas les notres. Les échanges se réduisent à des séminaires vitrines de temps à autres, et tu pourrais me donner un peu de plasmide pTRUC ? tu veux de l'anticorps anti-machin ? j'peux emprunter votre microscope ? Une société de troc, voilà ce qu'est notre bel institut.
A partir du bout de la rue, fin du campus, retour en zone civile, notre langage n'a déjà plus aucun sens, et notre emploi du temps quotidien est un mystère pour l'immense majorité de la population, pour qui "chercheur" signifie certainement "magicien", voire "glandeur", rarement "jardinier", alors que je me retrouve les mains dans la terre si souvent...
Alors c'est sur, quand un jeudi soir je suis en pleine panique, parce que depuis le milieu de l'après-midi, la possibilité d'une grosse catastrophe dans mon projet m'est apparue très clairement, j'ai comme l'impression que finalement, personne ne me comprendra jamais...
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jeudi 13 octobre 2005

Je viens de la part de ma cousine... 

Ce matin, quand le facteur a sonné en réveillant la maisonnée entière vers 7h30, j'ai enfilé mes pantoufles les yeux fermés en me cognant un peu partout... et puis Fiona m'ayant battue dans la course à la porte d'entrée, je suis retournée sous ma couette, sans finalement sortir de ma chambre. Vers 9h, quand j'ai finalement ouvert les yeux avec la panique habituelle du "putain, putain, j'suis en retard", j'ai trouvé un gros paquet de La Poste au seuil de ma chambre. Alors bon, au lieu de me précipiter sous la douche, j'ai ouvert... c'est humain, après tout, non ?
Une heure, 4 gauffres (de chez Meert, ouais, rho bordel c'que c'est bon...) et un magazine (de filles ET en français !) plus tard, j'étais vachement à la bourre, mais émerveillée d'avoir décidément la meilleure cousine au monde...
J'veux bien être en retard tous les matins, finalement, si c'est pour commencer la journée aussi bien ! Merci ma cousine chérie !!!
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mercredi 12 octobre 2005

QCM. 

Bon, bon, bon... nous voici donc face à un dilemne... non parce que j'ai enfin trouvé un take-away indien à 2 pas du labo, comme quoi google permet même de visiter son voisinage sans lever les fesses de son tabouret, décidément internet c'est pas mal magique quand même, et donc il me faut choisir.
Option 1: sortir, traverser la rue, marcher pendant moins de 200 mètres, acheter mon Balti Fruity Massalam, attendre en fumant une clope, récupérer ma commande, et revenir faire migrer les 2 derniers gels en mangeant goulument, parce que rien que d'y penser j'en salive.
Option 2: pareil sans le retour au labo, mais bon ce serait mal, hein. Et puis c'est pas comme si y'avait 6 feet under à la télé ce soir, c'était hier, et donc Nate ne réssucitera plus maintenant, de toute façon.
Option 3: trouver de quoi commander pour plus de £12 et attendre la livraison gratuite en fumant à la porte, ce qui serait vraiment très très mal, parce qu'être feignante c'est très très mal, oui, et ce quoi qu'en dise ma psy ("You're a bit obsessive with this "lazy" business, Eve, aren't you ?" - "Yeah, whatever")
Option 4: ne pas me décider avant 23h, et rentrer à la maison où le frigo est tout vide et le chauffage éteint après avoir fini toute ma to do list.
Hm.
Mais pourquoi n'y a-t'il pas une seule pièce de £1 pour nourrir la machine à chips dans mon porte-monnaie ce soir ??
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wet, wet, wet... 

En fait, avoir un trou dans sa basket gauche quand il pleut, c'est pas tout à fait optimal pour passer la journée au sec, finalement. Mais là où le mystère s'épaissit, c'est que le pied droit est trempé aussi. M'enfin ???
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mardi 11 octobre 2005

El diluvio... 

Il pleut comme si Noé devait construire sa barque sans trop tarder, mon vélo a une roue crevée, j'ai rendu sa voiture à chef, les bus sont toujours en retard et ne s'arrêtent JAMAIS où il faut (ouais, j'exagère et j'dis JAMAIS si je veux), et il me faut donc traverser la moitié de la ville à pieds mouillés pour aller apprendre à m'exprimer dans la langue du soleil, alors que j'ai du mal à noyer mes quintes de toux dans le twinnings orange, mango & cinnamon. C'est marrant, j'ai comme un relachement de motivation, là...
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lundi 10 octobre 2005

Desesperately seeking Hugh Grant... 

Quelques heures en plein coeur de "4 mariages et un enterrement", et le retour à la réalité beaucoup moins glamour se fait à reculons, parce que merde, c'était vachement bien de papoter avec mon voisin de gauche beau comme un dieu, drole, charmant, ex-plant biologist joyeusement reconverti ET végétarien (mais pas islandais, juste irlandais, personne n'est parfait, décidément... m'enfin dommage que Cork soit si loin, bordel), tout en souriant de temps en temps à mon voisin d'en face un peu timide mais très bon danseur et toujours partant pour un Strip the Willow ou un Virginia Reel (ce qui peut sauver la mise quand le best man, accoudé au bar près de la piste de danse et à l'évidence entrain de faire du rien, répond assez impoliment "sorry, no, i don't dance" malgré mon sourire numéro 5, le mufle) le tout en remuant continuellement ma chevelure qui m'a attirée (comme d'habitude, m'enfin renouvelez-vous les gens quoi!) une bonne dizaine de compliments, comme si je ne le savais pas DÉJÀ que j'ai les plus beaux cheveux de la planète, à tel point qu'ils devraient m'engager chez Timotei, comme faire de la balançoire sous un grand arbre alors que le soleil joue sur mes reflets blonds, ça a toujours été mon rêve secret.
Bref.
C'est lundi, je tousse à m'en arracher la gorge sous mon chignon de cheveux encore mouillés, j'ai les ongles sales d'avoir jardiné toute la journée, et la perspective d'un thé au miel en cherchant un mouchoir propre pour vider mon nez devant la télé est ce que je peux espérer de mieux pour la soirée qui s'annonce. Enfin après avoir été à confesse au psy, s'entend.
Y'a pas à dire, la vie est vachement plus belle dans les films, quoi.
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La vie c'est pas toujours une tartine de Nutella... 

...c'est parfois c'est un sandwich tout chaud... (et qui déchire sa race tellement c'est bon, d'ailleurs)

Et pour continuer dans la série "kiara fête le mois d'octobre" [parce que oui il y a un lien avec le nutella mais c'est une autre histoire] aujourd'hui se célèbre mon prénom féminin préféré de la terre de l'univers entier, parce que quand même, les Ghislaine, ce sont des filles fantastiques. Alors bref, bonne fête les filles !
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vendredi 7 octobre 2005

Hair. 

Puisque demain j'ai mariage à Dundee, la mariée étant écossaise [et le marié anglais, personne n'est parfait, hein], je vais passer la journée entourée d'hommes en kilt exhibant fièrement leurs jambes poilues.
Alors tout compte fait, histoire de me fondre discrètement dans le décor, je pourrais peut-être éviter la corvée de l'épilation demain matin avant d'enfiler ma jupe, non ?..
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jeudi 6 octobre 2005

Feeling guilty... 

Sous la pression populaire et contre mon gré, je l’jure monsieur l’juge, j’ai donc annulé ma prestation de demain matin. Parce qu’en fait non seulement le power point n’est pas prêt, ce qui est finalement un détail, mais les idées sont toujours aussi confuses dès qu’il s’agit de ce projet à la con qui pourrait s’avérer intéressant si je n’avais pas à traiter ce lot de données laissées en friche par la thésarde de l’enfer [enfin non, j’exagère, SW est (était ?) bien pire], données non seulement irreproductibles mais incohérentes, et voilà comment "Eve will quickly finish off O’s project so that we can get a publication this year" s’est transformé depuis plus d’1 an en side-project-gros-boulet. Que j’avais donc décidé de présenter demain lors de mon séminaire départemental trimerstriel, parce que j’ai quand même passé tout l’été ou presque à m’arracher les cheveux sur ce con de mutant qui ne fera jamais mieux qu’un plant physiol. au grand maximum et en étant vachement optimiste, alors que mon projet à moi, mon bébé en qui tous les espoirs de notre groupe repose, dormait au fond d’un tiroir. Multitasking boiteux.
Enfin bref, chef, elle-même malade, dans un dernier effort pour m’aider à interpréter des histoires de hook et d’éthylène, m’a regardé droit dans les yeux vitreux en disant "look, Eve, we’re both really rough... why don’t you just cancel it and find a free slot to give this presentation in the next future ?". Alleluia, enfin une parole censée, et ma détermination qui vacille sous le raz-de-marée de la solution de facilité offerte par la seule autorité en ces lieux, à savoir chef bien-aimée. Miracle.
Alors voilà, talk reporté à la Sainte Céline, comme ouais les fêtes du mois d’octobre je les connais toutes par coeur. Ce soir, ce sera donc devant la télé que je vais me noyer dans le lemsip, finalement.
Sauf qu’évidemment, depuis que j’ai envoyé mon message la queue entre les jambes et les oreilles tombantes, en m’excusant bien platement pour cette annulation à la dernière minute mais en même temps, un rhume ça ne se planifie pas des semaines en avance [mais un talk si, oui, oh, ça va hein], et bien je me sens vachement mieux. Même le nez coule beaucoup moins.
Alors voilà, je me demande si finalement je ne vais pas plaider coupable, en espérant votre clémence, monsieur l’juge. Je l'referai plus, je l’jure...
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Graffitis, égo et paracétamol. 

Hier matin, quand je suis rentrée dans la petite pièce sombre avec les parapluies à lumière, décor un peu surréaliste pour un labo de biologie moléculaire, le photographhe m'a dit qu'il allait prendre 3 photos, et qu'il choisirait la meilleure. Right. 7 photos plus tard et une petite moue pas très satisfaite sur son visage, il m'a dit que je pouvais repartir, merci. Soit. Je suis donc retournée travailler, un peu véxée quand même, parce que bon, il lui avait fallu 7 essais, quand même. Mais bon, j'ai l'égo aussi fragile qu'un bibelot en porcelaine écrasé par une patte d'éléphant en rut, donc en même temps, rien de nouveau sous le soleil.
Bref.
Ce matin, mon joli sourire n'était pas affiché près de la porte de la salle café, finalement. Non, non, non... Mon air drogué et bouffi, ça, oui, par contre. Pas seulement que la photo soit moche, même si c'est le cas. Elle est aussi disproportionnée, un peu comme si photoshop m'avait administré une bonne dose de cortisone, et je me retrouve donc avec un visage plus large qu'il ne l'est dans la vraie vie, comme si avec mes kilos en trop, j'avais VRAIMENT besoin qu'on rajoute un coup de patte dans la porcelaine déjà en miettes, bordel.
En même temps quand j'suis malade j'suis un petit peu susceptible, c'est sur.
Bref, ce soir, quand le batiment sera tout vide, alors que j'essaierai désepéremment de finir ma présentation pour demain matin face à une ènième tasse de lemsip menthe-citron [c'est à partir de combien l'overdose de paracétamol?], je crois que je vais enfiler mon costume de vandale débutant pour aller me dessiner une barbe et des lunettes de soleil au marqueur vert, finalement. J'aurai bien mis des chicots aussi, histoire de faire raccord avec les autres actes de vandalisme perpétrés contre notre hall of fame maison, mais je ne souris pas avec mes dents, une histoire de traumatisme du morceau de salade coincé entre les incisives. Ce qui finalement n'aurait pas été si pire, à bien y réfléchir.
Si tant est qu'on puisse "bien" réfléchir dans les vapeurs de paracétamol, certes.
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mercredi 5 octobre 2005

Wednesday morning fever 

Le nez qui coule, la tête vachement lourde, la gorge qui me rappelle qu'elle existe, je crois bien que je suis malade. Oh, pas suffisamment pour annuler le big lab meeting de vendredi, que je n'ai pas encore commencé à préparer, après tout, on ne change pas une équipe qui gagne hein, mais quand même je trainasse et me laisse envahir mollement par ce rhume à la con. Et évidemment c'est aujourd'hui que le photographe départemental doit venir immortaliser tous ceux qui ont réussi à échapper à leur sourire affiché sur le panneau près de la salle café, et j'aurai donc pour toujours le nez rouge, j'imagine. Tant que personne ne songe à m'ajouter des chicots et une moustache, attributs apparus il y a quelques semaines sur toutes les photos du "groupe qu'on aime détester" dans le batiment, parce qu'il faut bien un bouc-émissaire pour se sentir meilleur, je suppose que je peux m'estimer chanceuse. Mais bref, avec le ciel qui a disparu sous un gris laiteux et mon corps qui grelotte en transpirant dans le labo tout vide, il semblerait que l'humeur soit à la morosité. J'aurai pas du mettre mes pieds dans l'eau à la plage samedi dernier, finalement. Alors j'attends patiemment que l'effet synergétique du paracétamol et de l'ibuprofène dissipent les nuages au fond de mes lobes occulaires, en buvant de l'irn-bru, ma boisson caféinée préférée. Peut-être qu'un bon bol d'éthanol chaud aurait plus d'effet. Mais de bon matin, l'éthanol, je ne peux pas encore m'y résoudre. Eh, sérieusement, c'est quand la retraite, hein ?
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lundi 3 octobre 2005

Hier encore, j'avais 20 ans... 

Samedi matin, lorsqu'à 8h30 tappantes mon téléphone a réveillé en hurlant la pauvre petite chose encore pleine d'alcool et au crane douloureux que j'étais, j'ai pesté contre ma maman pendant 5 bonnes minutes. En me réveillant doucement. Et puis je me suis dit que c'était parfait, finalement, un réveil matinal, un gentil message, et une bonne douche pour commencer une journée que je n'aurai vraiment pas voulu passer stupidement au lit, parce que ce n'est pas le 1er octobre tous les jours, quoi, merde. Et en découvrant le p'tit déj préparé par Fiona et les cadeaux envoyé par les copains de Bristol, j'me suis dit que décidément, ce n'était pas une journée propice aux ronchonnements.
Samedi midi, j'ai refusé pendant un long moment de couper le gateau. Non pas que je n'avais pas faim, ou même que je ne voulais pas tuer le pauvre petit lapin ou la jolie vache comme c'est souvent mon problème (c'est con aussi, ces chocolats de Paques tous mignons), mais surtout parce que je suis bêtement superstitieuse, et qu'en passant la lame à travers les Alpes, j'étais terrifiée à l'idée de faire trembler Grenoble. Vérification faite, le relevé sismologique m'a appris que mon gateau en forme de carte de France n'était tout compte fait pas un gateau vaudou, et ce midi j'ai donc partagé avec mes camarades de labo le Nord et la région parisienne sans la moindre hésitation. Ce soir j'me fais l'Alsace-Lorraine et la Franche-Comté.
Samedi soir, alors que Fiona, Mitch et moi cherchions désespérément un dernier pound au fond de nos poches/sacs/porte-monnaie, parce que le Fish'nd Chips ne voulait pas de notre batterie de cartes bancaires, et que les 3 gamins commençaient à ne plus tenir en place après avoir enfourné leur repas, comme entre 7 et 11 ans, les garçons, ça a vraiment trop d'énergie, incroyable de penser qu'ils vont finir par se transformer un de ces jours en adolescents fatigués, bref, le petit cousin des enfants de Mitch m'a demandé "but why are you giving all your money to Uncle Mitch ?". Ce à quoi j'ai répondu qu'il nous fallait payer notre nourriture, comme manger pour gratos, anniversaire ou pas, c'était impossible, en fait. "Well, if you don't pay, someone else will !" m'a-t'il répondu en haussant les épaules, le regard plein de dédain pour l'adulte idiote et dénuée de bon sens que je suis. J'ai décidé que finalement, je ne suis plus tout à fait sure d'aimer tous les enfants, et encore moins celui-là, qui a passé son temps à me piquer mes chips et à les tremper dans ma mayonnaise [dans mon assiette !!], le p'tit con, et ce malgré les remontrances répétées d'Uncle Mitch.
Sur le chemin du retour, alors qu'on longeait la cote en apercevant les lumières d'Edinburgh là-bas au loin, je me suis dit qu'on n'arriverait jamais à la maison à temps , et que j'allais donc rater le coup de fil de ma maman, celui de 21h45, celui qui nous lie pour toujours, elle en tant que mère, moi en tant que fille, l'une de nos identités les plus fortes. Alors lorsque j'ai reçu un message sur mon téléphone portable pile-poil au bon moment, je me suis dit que vraiment les technologies modernes permettent parfois de perpétuer les traditions les plus importantes, et c'est formidable.
En me couchant, alors qu'il était déjà dimanche matin mais on dirait que c'était encore mon anniversaire, je me suis dit que j'avais quand même vachement de la chance d'être née un 1er octobre.

Puis j'ai réalisé avec un peu d'angoisse que la prochaine fois j'aurai 30 ans...
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