dimanche 31 juillet 2005

Je marche seule. 

Tu sais, tu ne me manques pas.
Oh oui parfois, parfois, je m'endors et j'ai un peu froid. Promis, cette fois, je n'oublierai pas d'investir dans une bouillotte lors de mon prochain passage chez ikéa.
Oh oui parfois je marche dans la rue, le sourire aux lèvres et le cerveau empli de la joie des autres, de leurs regards échangés, de leurs rires, et j'ai un peu froid. Mais il suffit qu'un chat perdu à l'apparence familiere, un Ti-Ponch écossais tout maigre me saute dessus, m'offre un calin, et reparte aussi vite, pour que je me remette en marche bien au chaud.
Vraiment, tu sais, tu ne me manques pas.
J'aime écarter les bras sous ma couette, trainer au lit alors que le soleil brille, regarder east enders en mangeant des carrés de jelly, me croire invincible dans ma solitude, et me persuader que tu ne me manques pas.
Parce que si tu étais là tu serais envahissant, parce que si tu étais là je ne serais plus moi, parce que si tu étais là j'aurais envie que tu repartes.
Alors, décidément, tu ne me manques pas.
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vendredi 29 juillet 2005

... rentre tes blancs moutons... 

Summer's over up north.
Good.
I was almost starting to enjoy the sun.
summer day
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jeudi 28 juillet 2005

Dans les oubliettes... 

Il y a des papiers accrochés partout. Simples morceaux de scotch blanc, post-its, affichettes... tout autour de mon écran, un concert de trucs à faire et autres machins importants. Comme les horaires de mon avion pour Grenoble, le 13 juin dernier, ou cet Annual review of plant physiology de 1977 que j'ai oublié d'aller chercher à la bibliothèque. D'autres papiers finissent par tomber, les amorces à commander, et order a 2nd tiling ! Urgent ! Pas si urgent, finalement.
Puisque ces penses-bêtes fonctionnent aussi bien qu'un noeud dans le mouchoir que je n'ai pas, j'essaye une nouvelle technique depuis la semaine dernière: des post-its qui dépassent SUR l'écran. Et bloquent ma lecture, me rappelant ainsi qu'ils existent. Raisonnement plutot simple: aucune chance que je ne finisse pas par faire ce qui y est écrit, à force de raler de ne pas pouvoir lire correctement mon écran... non ?
Ah ah.
Je viens de trouver la parade, sans même m'en apercevoir: se pencher pour regarder en-dessous. Ca marche très bien. Et la lecture de mon écran est redevenue confortable.
Je crois qu'il ne me reste donc plus qu'une seule solution: arrêter de noter ce que j'ai à faire, et le faire. Avant d'oublier.
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mercredi 27 juillet 2005

Allo, allo, monsieur l'ordinateur... 

from: kiara
to: staffcounsellor@...
object: help needed
Hello,
I've been trying to call your service today to leave a message to ask for an appointment, but i think i can't actually figure how to call from the lab phone... [how pathetic, i know...]
Anyway, i still know how to answer the phone though, and was wondering if it was possible to obtain an appointment with a counsellor, i think i could do with some help.
My university phone number is: xxxxxxxxxx, and i'm usually at work from 11a.m. and onwards.
Thanks,
kiara.


from: staffcounsellor@...
to: kiara
object: RE: help needed
Hello,
I'm not so sure wheter you do need an appointment to understand how to use your phone, really. Anyhow, because my job is to help our staff, i will give you a tip: press "9" before dialing the number of the person you want to reach. Remember that if it's someone outside Scotland, you actually need to go through an operator after having dialed "0". This service is only available from 9a.m to 5p.m though. After that, you're screwed.
Hope this helps,
Staff Counsellor.


from: kiara
to: staffcounsellor@...
object: RE: RE: help needed
... ?!? ...
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mardi 26 juillet 2005

etcaetera, etcaetera... 

Puisque mon téléphone vient de rendre l'âme, que SW est encore là [pour peu de temps mais bon], que je ne sais même plus ce que je devais faire de ces 8 populations de phyE "à tester" (??), que personne n'écoute mon avis même quand j'ai raison, que Dan me manque depuis qu'il n'est pas là [oui il revient au labo demain mais bon], que mes plantules poussent trop doucement, ou trop vite, que mon blog est encore tout cassé quand je le sollicite, que j'ai l'impression que rien ne va plus et que personne ne m'aime alors même que la minute d'avant je rigolais en pensant aux jours heureux qui s'annoncent, j'ai fait la seule chose à faire.
Trouver le numéro du staff counsellor.
Et dès que j'aurai pris un rendez-vous je vais pouvoir aller lui raconter que mon téléphone vient de rendre l'âme, que SW est encore là, que je suis un peu perdue dans mon multi-tasking au labo, que personne n'écoute mon avis même quand j'ai raison et que ça me démoralise, que mon boulot m'obsède un peu trop, qu'internet m'obsède un peu trop, que j'ai parfois l'impression que rien ne va plus et que personne ne m'aime alors qu'en fait je suis parfaitement heureuse.
Pas grave si j'en prends pour 10 ans.
En attendant sans téléphone je sais pas bien comment l'appeler pour prendre rendez-vous, hein.
Parce qu'en fait mon téléphone vient de rendre l'âme, et SW est toujours là, et...
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Long is the road... 

Il semble que collaborer avec une équipe aux centres d'intérets différents, c'est un peu comme essayer de communiquer entre sourds sans connaitre le langage des signes.
Un échange d'emails avec mon homologue postdoc, et toujours les mêmes arguments, les mêmes questions qui restent sans réponses, les mêmes désaccords, un perpétuel ping-pong.
Mais si c'est directement controlé par phyB - mais non, c'est pas vraiment un light mutant, et donc selon mon modèle... - mais bordel regarde les cotyledons data, c'est un light mutant ET il y a interaction lumière-dépendante dans le double mutant ! - ouiménon c'est une interaction indirecte parce que le taux de germination avant stratification... - et justement, cette expérience prouve le contraire !.. - etc, etc, etc.
Un dialogue de sourds.
J'en rêve la nuit, je me réveille en y repensant, je continue à ne pas comprendre comment son cerveau raisonne, et puis c'est fou qu'à partir d'un même lot de résultats, nos interprétations soient si opposées. Et je suis frustrée qu'il n'entende pas ce que je lui explique. Et il doit être tout autant frustré que je n'entende pas ce qu'il m'explique.
Et voilà que chef s'en mêle. Un long coup de fil plus tard et avec son plus joli sourire elle m'annonce qu'ils sont finalement d'accord, et qu'elle a réussi à lui faire entendre raison.
Et malgré l'issue positive, me voici encore plus frustrée. Avoir raison ne suffit donc pas à convaincre. Et je n'ai finalement pas encore acquis le super-pouvoir de persuasion du scientifique accompli. Bordel.
... but deep is my faith...
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lundi 25 juillet 2005

Et puis... 

Juste manger des tapas en rigolant, alors que le soleil digne d'une journée espagnole pourrait nous faire croire que la téléportation c'est finalement possible, malgré les double deckers qui roulent à gauche.
Et puis courir dans le jardin botanique, photographier des centaines de fleurs, écarter les bras dans la brise fraiche sous le soleil de plomb.
Juste rouler pendant une petite demi-heure en direction du sud-est, dépasser les champs de caravannes, se battre contre les mouettes voleuses de frites et les vagues qui se fracassent sur les digues en nous éclaboussant.
Et puis se mettre a danser au son de la cornemuse et du violon, parce qu'avec un sourire et un petit peu de patience, tout s'apprend, même à tourner en rythme.
Juste un week-end loin du labo à réaliser qu'un ailleurs existe.
Et puis revenir au bercail et retrouver ses pipettes avec un sourire nouveau.
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vendredi 22 juillet 2005

On s'autorise à penser dans les milieux autorisés... 

L'atmosphère est pesante, travailler semble impossible.
Dehors tout est calme, le ciel est bleu, indécemment, comme s'il n'était pas au courant de la révolution en marche dans notre labo. Inconcevable. Ne serions-nous donc pas le nombril de l'univers ?
Et pourtant le monde entier semble avoir été prévenu. Et nous n'avons plus qu'un seul sujet de conversation. Petit troupeau de concierges hystériques. Ca chuchotte, ça murmure, ça s'indigne, ça s'étonne, et j'ai honte de faire partie du lot, d'entretenir les commérages, de ne pas réussir à me contenter d'être patiente, et finalement de ne pas avoir les couilles d'aller lui demander ce qu'elle fait encore là, à lire un truc sur la shade avoidance, au lieu de rentrer chez elle.
Elle sourit. Une pauvre fille qui n'est juste pas à sa place. Et qui sourit. Ca a l'air tout doux, innocent, frêle, presque fragile.
Stupide ou manipulatrice, les paris sont désormais ouverts chez les commères du labo.
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jeudi 21 juillet 2005

Psychose... 

Un moment de flottement hier après-midi.
Fin de répétition.
SW doit faire le séminaire départemental vendredi matin, et elle vient de nous présenter ce qu'elle a préparé, ce qu'elle a prévu de montrer aux quelques dizaines de membres se l'institut.
Regards incrédules et génés. Gary baisse les yeux, Dan secoue la tête, je regarde mon bloc-note en essayant d'arrêter d'hyper-ventiler d'indignation, comme vraiment, le coup du cryptochrome 5 sur la dernière diapo, je ne m'en remettrais surement jamais.
"All right" dit chef, visiblement bien emmerdée "any general comments guys ?"
Ca crie très fort dans nos cerveaux, et d'ailleurs la télépathie c'est très simple dans ce genre de moments nutella. "OMG, it's a piece of crap !!".
Mais la politesse m'oblige à bafouiller très vite un "let's go through the talk slide by slide, it'd be easier to make our comments, don't you think so ?"
1 heure plus tard, tous les doutes qui pouvaient encore naïvement trainer dans nos esprits se sont envolés. Elle ne comprend rien, elle n'a jamais rien lu, elle ne sait pas ce qu'elle fait ni pourquoi, ET elle s'en fout !

Rendez-vous est pris entre chef et SW pour une nouvelle répétition le lendemain, en espérant que l'ensemble sera cette fois-ci présentable, grace à nos commentaires. Voeu pieu, ridicule.
Autour d'une table enfumée dans le pub du campus, Gary et moi rejouons la scène, encore et encore. Ses rires stupides, réponse à chacunes de nos questions, son entêtement à ne rien comprendre, la thèse de la lobotomie qui se confirme. Et un jugement sans appel: l'attitude de chef est définitivement idiote à présent, nous perdons TOUS notre temps.

Arrivée tardive pour SW aujourd'hui, en début d'après-midi. Chef attend et guette dans son bureau. Elle a pris une décision. Enfin.
10 minutes d'entretien derrière une porte close.
"Eve, that's it, i've done it, i've sacked SW."
Enfin.
Renvoyée.
Finies les frustrations, l'impression de parler à un mur sans oreilles, l'envie de frapper, les discussions interminables sur le pourquoi du comment mais c'est pas possible qu'elle soit si conne, la culpabilité de la tenir à l'écart de la vie sociale du labo, parce qu'elle nous gonfle.
C'est fini ! Elle doit partir !

Mais pourquoi est-elle dans le bureau à faire semblant de travailler comme si de rien n'était ? Et pourquoi est-elle venue me poser une question à propos de son talk de demain ? Il n'y a pas de talk, ni demain, ni jamais. C'est FINI.

Et si elle n'avait pas vraiment compris qu'elle a été renvoyée ?
Et si elle refusait de partir ?
Et si elle faisait sauter le labo cette nuit ?
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mercredi 20 juillet 2005

Déjeuner en paix... 

Un réveil au petit matin, alors que rien ne presse.
Prendre une douche, finir de décorer le gateau, vérifier que Fiona reste en dehors de la cuisine pour quelques minutes de plus, allumer la bougie, chanter en français.
Rigoler pendant 2 heures devant un thé à la framboise, suivi d'un thé à la cerise. En mangeant des morceaux de gateaux. En déchirant du papier cadeau.
Profiter du matin, et célébrer le temps qui passe.
Partir au travail chacune de son côté, le coeur et l'estomac remplis de sourires.
Fiona's birthday breakfast
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mardi 19 juillet 2005

Use correct change only. 

17h30, l'heure du twix.
Une pièce de 50 pences dans la main, direction la vending machine dans le couloir après la passerelle, celle qui fait pas les chips, mais en même temps c'est l'heure du twix, pas des chips, donc tout va bien.
Prix d'un twix: 35 pences.

17h34, retour au labo.
Dans la main gauche, 3 twix. Dans la main droite, £8.75.
17 pièces de 50 pences, 2 de 10, 1 de 5.
Je n'ai toujours pas compris, mais j'ai l'impression de m'être enfin vengée de toutes les vending machine du monde.
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Le pouvoir de dire "peut-être"... 

Après avoir excellé pendant des années dans l'art de dire "NON", on m'a expliqué que le stade suivant vers la maturité était d'apprendre à dire "OUI".
Soit.
Alors maintenant je dis oui.
Eve, tu veux aller au pub ? OUI. Eve, tu peux me faire une transfo ? OUI. Eve, tu fais un gateau pour l'anniversaire de machin ? OUI. Eve, tu peux nous faire une revue sur l'acide bidulechose pour le prochain labmeeting ? OUI. Eve, tu veux déménager à Edimbourg ? OUI. Eh, Eve, tu viens samedi matin ? Tu peux enlever mes boites de l'incubateur ? OUI. Eve, tu peux arroser les plantes pendant les vacances de Noel ? OUI. Eve, tu veux écrire un chapitre de livre avec moi, on doit finir ça pour décembre prochain ? OUI.
Et en voyant le plan du chapitre qu'on doit écrire, fut-ce pour décembre prochain, je commence à me dire que le stade suivant vers la maturité pourrait être d'apprendre à ALTERNER les "oui" et les "non". A bon escient.
Bordel.
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lundi 18 juillet 2005

Le petit labo dans la prairie... 

Quand même, quand on prend 5 minutes pour y réfléchir, surtout quand on n'a rien d'autre à faire, comme mesurer des cotylédons, les yeux perdus dans des photos de plantules et la souris en pleine agitation circulaire, c'est pas terriblement cérébral, et puis ça très fait mal au poignet droit, aussi, ce qui n'empêche pas de révasser, enfin bref, si on prend 5 minutes pour y réfléchir vraiment, c'est évident, l'homme idéal, c'est Charles Ingalls.
Beau gars, fort, honnête, travailleur, gentil, le coeur gros comme ça ET sur la main, toujours prêt à sauver la vache du voisin ou l'orphelin du village d'à coté, le tout avec le sourire et un violon à la main, le visage hâlé de la bonne santé du fermier heureux.
Y'a pas à dire, Charles Ingalls, y'a pas mieux.
Le seul problème avec Charles Ingalls, c'est qu'il est marié.
Et forcément, ça fait pas mon affaire.
Un peu comme le gentil frenchie du 6ème étage, avec sa belle alliance qui brille à la main gauche, son grand sourire et ses yeux rieurs.
Pas mon affaire du tout.
Elles font quand même un peu chier, les Caroline Ingalls.
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samedi 16 juillet 2005

Toute seule dans ma bulle bleue... 

Passer un vendredi soir au fond d'un labo à retarder le moment de recommencer la même manip pour la 3ème fois en une semaine, c'est affreusement banal. Mais je le sais bien, que je coche toutes les cases du postdoc moyen, et que mon comportement est prédictible, prédit, et vérifié.
Mais voilà, j'aime être là, dans l'espace défini par mon bureau et ma paillasse, presque 20m3 qui n'appartiennent qu'à moi, territoire arpenté, marqué et chéri, ces 20m3 dans lesquelles se déroulent la majeure partie de ma vie.
Sur le bureau, des morceaux de gateaux trainent près d'un pot de hoagland's vide, une photo de Marion dort à poings fermés entre une to do list un peu perimée déjà et le plan de la prochaine manip du siècle, le paquet de lucky est posé sur le dernier graphe de la soirée, alors que le stabylo et le briquet s'embrassent à coté d'une vieille canette vide. Horaires de trains et d'avions, verbes irréguliers parce que je n'arrive toujours pas à s'avoir si "yesterday i sew sowed saw have sown too many seeds", liste des acides aminés qui me suit partout depuis maintenant 8 ans, post-its préhistoriques en tout genre, "email Nam-Binh!" écrit en gros pour ne pas oublier de lui souhaiter un joyeux anniversaire, le 13 avril dernier, l'email n'est toujours pas parti, alors le post-it non plus, ce sera pour l'an prochain à présent, ambiance sonore en adéquation avec l'épaisseur de la nuit, playlist "déprime", parce que je le vaux bien, ça change du "même pas honte" qui trainait depuis des semaines sur mon player, et oui j'ai un don fantastique pour baptiser mes fichiers, je pourrai rester ici toute la nuit, à hésiter entre vérifier une dernière publi avant de rentrer ou lancer une digestion overnight, voire juste bouquiner le dernier catalogue promega ou un site web quelconque, en piquant du nez sur mon clavier.
Et pourquoi est-ce que ce ne serait pas la vraie vie après tout, hein ?
...tant pis si c'est dangereux...
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vendredi 15 juillet 2005

procrastipatrie ? 

Voilà qu'il est 17h40 et que je remonte des chambres de culture les bras chargés de boites de pétri, taux de germination à compter.
Pas envie.
Tiens les restes du cake-club dans la salle café.
Un muffin. Un deuxième. Pas tellement faim finalement. Allez va regarder tes graines !
Pas envie.
Et puis j'ai soif avec ces cons de muffins.
Voilà qu'il est 17h50 et que je bois un diet irn-bru en vérifiant une vieille adresse email, sur laquelle je passe une fois pas mois. Alors il faut jeter des trucs et des machins, faire du tri, comme le bordel j'aime pas, surtout quand j'ai des boites de pétri empaquetées dans une double couche d'aluminium qui m'attendent là, sur mon bureau.
Bon, le ménage virtuel est fini, va regarder tes graines !
Pas envie.
Voilà qu'il est 18h20 et que je me mets à ranger ma paillasse. Les boites de cones dans le bon ordre, les papiers en tas bien carrés, la glace à l'évier, tiens remplir le bocal d'eppendorfs, un coup d'ethanol sans soulever la centri parce que quand même y'a des limites à la propreté...
Bon, le ménage de la paillasse est fini, va regarder tes graines !
Pas envie.
Voilà qu'il est 18h35 et que je regarde les 2 dernières to do list en date, celles de mercredi et jeudi. 4 items non barrés pour mercredi, 3 pour jeudi. La seule mission du jour est donc: compléter les to do lists de mercredi et jeudi ! Alors va regarder tes graines !
Pas envie.
Et puis c'est sur aucune des to do lists, vérifier le taux de germination, du coup c'est con, y'aura rien à barrer.
Voilà qu'il est 18h40 et que j'écris la to do list de vendredi. En y incluant ce que j'ai fait avant 17h40, à barrer immédiatement. Puisque c'est fait. Bon, le ménage des to do lists est fini, va regarder tes graines !
Pas envie.
Et voilà qu'il est 18h50 et que j'ouvre mon blog pour y raconter une connerie. Mise en abyme, image du miroir dans le miroir, ca n'en finira donc jamais.
Mais enfin, va regarder tes graines !
Mais puisque je te dis que j'ai pas envie !!
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jeudi 14 juillet 2005

Le magicien des peurs * 

Il y a des textes qui me projettent dans le passé proche et me font revivre mes angoisses et mes peurs. Qui me font réaliser qu'elles sont toujours là, ces peurs, qu'elles ne m'ont pas quittée d'un seul coup le 14 novembre 2003 vers 17 heures. Parce que si j'ai survécu à ma thèse, je ne sais toujours pas si je survivrai à la vie que je me suis choisie. Parce que si ma chef ne me dis pas de temps en temps "that's ok Eve, you're doing well !", je me retrouve à pleurer devant ma paillasse en m'arrachant les cheveux, et je me mets à rêver à un avenir différent, sans pipettes, sans graines à semer, sans publis à lire.
Et pourtant, un simple mot d'encouragement de Karen et je suis à nouveau la future Barbara Mc Clintock, et pas moins, et personne ne pourra jamais m'arrêter, même plus peur.
Enfin pour les prochains jours du moins.
Jusqu'à ce que le doute me reprenne.
Mais voilà, après avoir survécu à mon Marcel et son incapacité à communiquer uniquement grace à l'humanité de ma co-directrice de thèse qui, à défaut d'avoir été scientifiquement compétente, a fait office de psy et de remonte-moral chaque soir entre 19 et 20h pendant 4 ans, je le sais, c'est évident, je n'aurai pas indéfinimenent la chance d'avoir une maman derrière moi.
Je dois donc apprendre à survivre seule. A croire et accepter que je suis capable, sans avoir besoin de l'entendre.
Voire à accepter que je suis parfois incapable sans que ce soit un drame...
Bref, apprendre la différence entre un désir et sa réalisation, pour ne plus avoir peur.
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mercredi 13 juillet 2005

Mystère et boule de gomme. 

J'la croise tous les matins... 

Elle était là ce matin encore. A marcher à petis pas, avec son chien minuscule et aussi vieux qu'elle. Elle m'a sourit en me voyant, se redressant légèrement, ajoutant un gentil "morning !", et déjà le souffle court d'avoir parlé, elle s'est appuyée sur le muret tout proche. Elle est toute vieille, et se déplace tout doucement, en s'arrêtant à chaque pas, et parfois j'ai l'impression qu'elle ne va pas repartir. Elle regarde son petit chien qui ne bouge pas plus vite, lui murmure quelque chose d'inaudible, il aboie, et ils repartent. Lentement. Douloureusement. Sous ce ciel trop bleu, trop pur, indécemment trop jeune dans la fraicheur du matin. Alors je remets mes écouteurs dans mes oreilles et je cours dans l'herbe en traversant le campus, me sentant tout à coup coupable, mais vivante.
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mardi 12 juillet 2005

Le mardi au soleil... 

A force de suer à grosses gouttes et de se mouvoir aussi vite qu'un lézard sur de la glace, on a organisé une compet'. Chacun un thermomètre sur sa paillasse, et que le meilleur gagne. Bon, pour l'instant on est encore tous à égalité, 31ºC. Le perdant devra payer la tournée de glaces. Oui, n'importe quelle excuse est bonne quand le magasin du campus vend des "magnum sensation" et autres douceurs glacées. Qu'on peut se coller dans le dos pour quelques secondes en s'imaginant au pole Nord. Et qu'on peut aussi manger allongés dans l'herbe et surtout à l'ombre.
En attendant et sans surprise les chambres de cultures qui tournent à 16ºC sont devenues un lieu de rencontre particulièrement à la mode, les ventilateurs se négocient à prix d'or, et les machines à glace sont entrain de rendre l'âme.
Et je ne sais toujours pas comment j'ai survécu à 9 étés grenoblois.
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Le bon Samaritain. 

On dirait que la pluie n'est pas tombée depuis des mois, le soleil brule, il fait lourd, j'ai soif. Et depuis quelques jours je rale aussi. Pas à cause de la chaleur, ça ne servirait à rien, mais parce qu'ils ont arreté de vendre du diet irn-bru à la cafet. Et que je suis en manque.
J'arrive ce matin, et Dan me sourit. Tiens, j'ai une tache de confiture sur le front ou bien ? Non, non. "Eve, i've got a present for you ! Come to the office !".
Et là, à coté de son bureau, un pack de canettes. Ravitaillement pour les semaines à venir. Diet irn-bru.
Eh, comment pourrais-je ne pas les aimer mes collègues, hein ?
Le soleil peut continue à me bruler, je n'ai plus soif, et la vie est belle.
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lundi 11 juillet 2005

Jeune-homme... (bis) 

Et bien voilà, c'était pas si difficile.
A force de raler que tous les hommes sont des monstres d'arrogance, j'ai enfin fini par croiser un gentil gars qui m'a expliqué avec le sourire et sans même m'engueuler -alors que je l'aurai bien mérité là, je l'avoue- que si je voulais prendre de l'azote liquide dans la pièce à coté de son labo, il y avait quelques règles de sécurité à suivre, la première étant de venir dans la pièce en question avec un binôme, mais si tu veux je peux t'aider, et puis non mais c'est pas grave de pas savoir et hop, regarde, un autre sourire numéro 23.
En plus j'suis sure qu'il avait un accent français, le con.
Bon, demain j'ai un autre lot d'échantillons à congeler, et je sens que j'vais aller redemander des explications du coup. Peut-être.
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Jeune-homme... 

J'ai du mal avec les mâles arrogants. Vraiment.
Le nouveau technicien du labo d'en-dessous, chez le mari de chef, veut emprunter notre spec. Ok. L'appareil n'est pas très compliqué à utiliser, certes, mais il a couté une petite fortune, alors je viens faire les mesures, parce que la fourmi n'est peut-être pas pas prêteuse, mais elle est serviable.
"Oh well, i used to work on a confoncal microscope, so i'm sure i can deal with that !" dit le charmant jeune-homme -tout à coup devenu plutot antipathique- en me prenant la sonde des mains. Ah, ah, je crois que tu m'as mal entendue, mais passons.
Il doit donc vérifier les lumieres vertes de la chambre noire, pour être sur qu'elles n'émettent à aucune autre longueur d'onde. Soit. Avec le sourire arrogant du gars qui sait tout sur tout et qui consent à partager quelques bribes de ses connaisances avec le commun des mortels, il m'explique: "because you know, if plants see red or far-red light, their clock is reset !" Oh, really ? C'est à dire qu'en étant en possession du seul spec de l'institut, il est certainement fort improbable que je sache quoique ce soit de l'action de la lumière sur les plantes, alors explique-moi tout ça s'il te plait, hein, c'est pas plus mal, et puis c'est vrai, c'est tout nouveau pour toi, tu découvres à peine la biologie végétale... Hmpfff.
"-And by the way, what do you work on ?
-phytochromes.
-Uh.
"
Je souris, c'est pas si grave, et puisqu'il est apparemment entrain de vérifier les dernier réglages, j'en profite pour lui demander si on peut enfin mettre nos boites de lumieres monochromatiques dans cette nouvelle chambre noire, puisqu'ils veulent virer la porte de celle qui nous a été attribuée provisoirement, et que, pour une chambre noire thermocontrollée, ne pas avoir de porte c'est à mon humble avis un probleme majeur. Bref.
Regard étonné du technicien. "What do you mean, YOUR light boxes in OUR darkroom ?"
Alors il a fallu que je lui explique patiemment et sans même un sourire arrogant, parce que quand même c'est pas mon genre, que cette grande chambre noire appartient à nos 2 labos, et que ça fait donc un peu plus de 3 mois qu'on attend qu'elle soit fonctionnelle.
Plus de sourire du tout. Regard méchant. "But this room belong to OUR lab !".
Ah. Il vient d'arriver la semaine dernière, mais il a déja pissé partout à ce que je vois.
Oh bordel, ils ont bel et bien recruté un nouveau mâle arrogant.
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dimanche 10 juillet 2005

On dirait le Sud... 

Puisque le thermomètre affiche 28ºC, et que pour une Grenobloise repentie exilée au nord, 28ºC c'est BEAUCOUP, j'ai sorti la deuxième jupe blanche, et les sandales qui font moins mal aux pieds. Enfin surtout avec des pansements sur les petits doigts. Et ce soir au barbecue-pendaison-de-crémaillere du chéri de ma coloc, je ne vais pas m'approcher du vin rouge, promis.
Enfin bref, on dirait quand même bien que c'est l'été du coup.
Alors en fermant les yeux, j'imagine que je suis entrain de suffoquer dans mon 7eme étage de la rue Jean Perrot, et que je vais descendre sauter dans ma 205 pour filer en Chartreuse, direction les lances de Malissard. Les cloches des vaches résonnent, je saute à pieds joints dans le pierrier du col de Bellefont, je roule dans l'herbe sur les falaises face à Belledonne, et je m'endors.
Et puis j'ouvre les yeux et il fait toujours 28ºC devant ma paillasse, et mes Alpes sont à l'autre bout de l'Europe. Ou presque.
Mais c'est l'été et j'ai une jolie jupe blanche, des cheveux qui sentent bon le shampoing à la camomille, et ce soir y'a barbecue. Au pied de Blackford Hill. Alors finalement, c'est bien quand même, l'été à Edimbourg.
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Titanic... 

vendredi 8 juillet 2005

Artiste en mauvaise herbe. 

Casser la voix... 

Il y a des gens qui interprètent continuellement à leur sauce ce que je raconte. Tous les jours. Partout. Je suppose que c'est inévitable, que ça fait partie du jeu, mais j'vais pas jouer toujours, ça m'donne envie d'hurler, ça m'fait perdre mon humour (et si toi aussi tu as une impression de déjà vu, oui oui, c'est bien du Bruel dans le texte... et non même pas honte.) Enfin bref, j'aimerai parfois être écoutée, pas interprétée pas des inconnus qui n'y connaissent rien. Ou alors en silence bordel !!
Il y a des gens qui me refusent tout respect de façon systématique, qui savent me faire sortir de mes gonds, et que j'ai envie de baffer à tour de bras et sans m'arrêter, surtout si ça peut leur faire mal, et c'est terrible. Alors je crois que je vais aller acheter un ballon de foot et l'appeler S-W, parce que ça c'est encore légal.
Il y a des gens, les 2 tiers des postdocs de ce labo pour être précise, qui sont capables de ramasser leurs affaires et d'entonner un "bon WE" à même pas 16h alors qu'ils ont dormi la nuit dernière, eux. Le dernier tiers n'oserait jamais se permettre de partir si tôt sans un avion à prendre ou un gateau dans le four, mais en même temps le dernier tiers est un peu con, parfois.
Il y a des gens qui feraient mieux d'aller dormir, peut-être. Mais si fatigue et sommeil étaient le même mot, ils s'écriraient de la même façon.
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Too late... 

Et voilà j'abandonne.
J'ai pas fini, je n'y arrive plus, je ne sais plus ce que je voulais dire, la présentation promise ne sera pas prete pour le labmeeting du matin, et je ne me sens plus le courage d'essayer, parce que l'acide salicylique, dans la vraie vie j'y suis allergique. Alors faire un topo pour le reste du labo, alors que j'ai tout lu il y a plus d'1 semaine et que depuis j'ai du passer à 1000 autres sujets, impossible, il me faudrait re-relire, avec ma mémoire de poisson rouge, et ça devient forcément problématique quand je me mets à préparer le machin quelques heures avant le sus-mentionné meeting, au plus noir de la nuit.
Il me faut donc une excuse pour ne pas venir au labo demain matin, parce que non, venir en labmeeting sans avoir rien préparé, c'est encore pire que de mentir, c'est trop la honte.
Demain matin je vais donc être très très malade. Et en profiter pour faire la grasse mat. J'ai quand même un peu honte. D'autant que je ne peux même pas prendre toute la journée, j'ai un light pulse sur le feu. J'vais même pas être crédible du coup.
Bordel.
C'est con de pas faire ses devoirs.

Edit 2 heures plus tard: ben non, finalement j'ai quand même fini mes devoirs, parce que je préfere encore crever de fatigue que crever de honte...
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jeudi 7 juillet 2005

Just a normal day... 

J'habite une bulle. A gauche une fenêtre, un rideau mi-fermé. De la lumière artificielle, le bruit des hottes, les murs épais, aucun contact avec le monde, dehors.
Ce matin à la pause café, que je ne prends d'ordinaire jamais, une fille arrive en disant "vous avez entendu, il y a eu des explosions a Londres !". "oui, oui" répond Dan. Mais tu ne m'as rien dit ? Ca fait 10 minutes qu'on mange un gateau au chocolat en buvant du café et en se moquant de Jacques Chirac, et tu ne m'as rien dit ??
"Non mais c'est rien".
Les murs épais, les rideaux mi-clos. "Ce n'est rien", d'accord, moi je crois ce qu'on me dit. J'ai confiance en Dan.
Je continue à compter mes graines en me dépechant, sans même passer faire un tour des informations, la to do list du jour est énorme, et l'activité frénétique dans ma bulle.
Pause déjeuner à la cafet. Je repose ma question, puisque j'ai levé les yeux de mes tubes, autant en profiter pour vérifier qu'au fait oui, c'est toujours rien hein. Y'a 2 morts qu'on me répond, donc oui, rien. Je regarde bizarrement, comme 2 c'est pas rien, mais bon, d'accord. Ca plaisante. Encore un coup des français aigris, Jacques vient de frapper. Je commence à trouver ça moyennement drole leurs conneries de plaisanteries, parce que si y'a vraiment 2 morts, ça ne me fait plus du tout rire en fait, mais chef nous rejoint et me parle science, puisqu'avec 2 mois de retard elle vient de finir par lire cette super-publi-de-la-mort-qui-tue-qu'il-faut-ABSOLUMMENT-que-tu-lises-chef, et elle est toute excitée. Et Londres est loin. D'ailleurs à travers la baie vitrée on aperçoit toujours un joli chateau et un ciel calme, alors autant parler boulot.
Et puis entre la clope et le retour aux graines, je regarde quand même les blogs des copains, parce que bon, je le vaux bien. Et puis quand même, il est dans sa banlieue, je ne suis pas particulièrement inquiète, et puis Dan l'a dit et re-dit, c'est rien. Mais pourquoi parle-t'il d'évènements alors ?
Informations. Ouvrir la lucarne d'internet dans ma bulle bien close.
Merde, c'est pas rien.
Merde.
Coup de stress. Il y a des gens que j'aime bien, ses amis à lui, et ils ne vivent pas en banlieue, eux. Où sont-ils ?
Impossible de retourner planter mes graines.
Je vérifie son blog. Toujours rien. J'y retourne. Est-ce qu'ils vont bien ?
J'ai oublié d'ouvrir mon email aujourd'hui, et je me sens tout à coup bien stupide, isolée dans ma bulle. Un message est là, il n'a pas oublié d'écrire un mot pour me rassurer malgré sa journée éprouvante.
Je reprends donc mes activités.
Le G8 est à quelques dizaines de miles, mais personne ne semble s'interesser au terrorisme dans ma bulle. Fran répète son talk, conférence la semaine prochaine. Chef continue à m'expliquer les magnifiques idées qu'elle vient d'avoir, les clones de mes idées d'il y a 2 mois, comme d'habitude. Elle avait peut-être écouté à l'époque, finalement. Ou pas.
Le labo se vide, le labmeeting de demain matin est en chantier, 1/6ème de ma to do list est barrée au stylo vert, et une fois n'est pas coutume, je regarde le JT. Pas encore le réflexe BBC, mon fond franchouillard choisi France 2 et Pujadas pour aller constater de mes yeux que si ce n'était pas "rien", c'était quand même "pas grand chose" hein, personne n'a hurlé ici, alors ça ne pouvait définitivement pas être si grave, hein ?
Erreur. Ou horreur. Des images que je suis heureuse de ne pas avoir vues avant de savoir que tout le monde allait bien, très égoïstement. Et ce con de Pujadas est "surpris par le flegme des britanniques". Serait-il possible d'éviter les clichés à 2 balles ce soir ?
Mais il doit finalement avoir raison. Dans ma bulle, aujourd'hui, pas un seul caillou n'a ricoché sur le blindage pour m'avertir qu'il se passait vraiment quelque chose. Alors que j'habite au Royaume-Uni.
Alors je me demande, les miens, mes anglais du labo à moi, sont-ils tout simplement particulièrement flegmatiques, ou juste totalement et cruellement indifférents ?
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mercredi 6 juillet 2005

Entre les deux... 

Puisque je n'ai rien à faire et que ma to do list n'est pas du tout entrain de déborder -et oui en le souligant, j'y crois un peu-, je me régale à lire les conneries de mon bien-aimé président qui n'est en ce moment même qu'à quelques dizaines de miles du labo, et quelque part ça fait chaud au coeur (not).
Mais quand même, une phrase que personne ne verra, malgré les milliers de paires d'yeux qui vont certainement glisser sur cet article de yahoo actu, une petite phrase de rien du tout et tout à fait insignifiante, qui n'a même d'autre intéret que de remplir le vide de la non-information de ce mercredi soir, une phrase à la con donc, fait se dresser bêtement mes poils d'écossaise dans l'âme.
"L'avion du président français s'est posé sur l'aéroport de Prestwick, situé entre Glasgow et Edimbourg". Parce que moi je ne savais pas que j'habitais plus près de Prestwick que de Glasgow. Encore un mensonge éhonté des compagnies low-cost enfin démasqué ? Ou bêtement un journaliste de plus qui se contente de répandre son ignorance en toute impunité ?
carte des environs
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Décalée... 

Il y a quand même des jours pourris hein, faut pas croire, parce que juste quand je m'amuse trop, je dois certainement trouver le moyen inconscient de me punir, comme si l'humeur légère et le sourire resplendissant ça ne pouvait pas être moi. Beurre ou confiture, jamais les deux, sinon c'est trop de plaisir. Je devrais me convertir à la Church of England finalement... même si... enfin non.
Cette façon super con de se sentir exclue, pas à sa place, déplacée, mal à l'aise, c'est débile.
Prenons hier soir par exemple, au hasard. Hier soir donc. Fatiguée. Le labo est de sortie au pub, pour l'anniversaire du technicien. 23 ans, né en 1982. On rigole, enfin j'essaie entre 2 baillements, ils boivent de la bière, moi de l'irn-bru. Besoin d'encore plus de caféine pour ne pas m'écrouler sur les sièges en osier du bistro. Et puis l'autre post-doc, en père responsable, s'en va, les jumeaux à mettre au lit. Les amis du jeunot nous rejoignent. Et tout à coup la réalité me frappe.
Je me sens fatiguée, je suis de 4 ans l'ainée du plus vieux à table, ils parlent tous thèse et rédaction, et anglais.
Parce que j'ai beau avoir vécu bientot 3 ans ici, l'anglais "de groupe", ça sonne encore un peu chinois.
Parce que mes années de thèse sont finies, et que si je peux encore compatir à l'angoisse du thésard, je ne peux plus partager. Moi c'est docteur.
Parce que je suis la petite de la famille, la fille qui a un an d'avance, la gamine qui a passé son bac a 16 ans, la chieuse qui essaie de suivre les grands, pas l'ancienne, je sais pas faire, je n'aime pas faire, le role ne me convient pas.
Parce que j'ai juste envie d'aller me coucher.
Mais le jeunot insiste, Eve please come to the restaurant, come-on it's my birthday !, et puisque j'aime bien quand on m'aime bien comme ça, alors me voici entrain de me réveiller doucement dans l'atmosphère feutrée du chinois d'à coté. Ca continue à parler rédaction, prêt étudiant, trucs de djeun's british. Et je continue à manger mon calamar en silence.
J'ai toujours envie d'aller me coucher.
Je ne suis toujours pas à ma place.
Et tout à coup, me voilà entrain de rire nerveusement, après l'aterrissage brutal d'un verre de rouge sur ma jupe blanche, qui ne le sera donc jamais plus. Quelle idée aussi de mettre une jupe une fois par an, et justement le jour où c'est officiel, tu es une looser ma fille, et tu sembles bien le chercher, quand même.
Sur le chemin du retour, alors que les djeun's se dirigeaient eux vers la suite des festivités, et que je boitais dans mes sandales en essayant d'ignorer la vieille odeur de vin qui m'entourait, les bras chargés des restes du gateau d'anniversaire du jeunot, cuisiné avec amour la veille au soir alors que je m'endormais déjà devant le four, l'oeil terne, la cerne hyperdéveloppée, et les cheveux trop lourds à porter, j'ai essayé de ne pas pleurer. Pour m'éviter un spectacle encore plus sinistre. Et surtout parce que je sais que quelque part, il existe un endroit où je me sens parfaitement à ma place. Je devrais juste éviter de le quitter pour aller au pub. Je suis quand même vachement mieux au labo.
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mardi 5 juillet 2005

Hier encore, j'avais 20 ans... 

... et 105 mois plus tard je me sens tout à coup vieille et fatiguée, et mes baillements me l'ont rappelé tout au long de cette journée, malgré la surdose de café, irn-bru et autres proplus caféinés.
Je ne suis plus capable d'aligner les courtes nuits de sommeil.
Et toujours pas tellement le temps de dormir.
A force de courir je commence effectivement à m'essoufler.
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lundi 4 juillet 2005

Jardins d'enfants... 

A trip to B&Q. Quite an exciting moment in a plant biologist life. Well, at least in mine. Our growth rooms are ready, 3 months behind the schedule, but hey, they're the most beautiful rooms i've ever seen.
A trip to B&Q then. The 2 female postdocs on a shopping mission. Heaven. To buy pots, sticks, scoops, cans, and more important than anything, compost. And believe me, there is an amazing range of compost types. Amazing.
But no "lemmington" compost, our favorite.
Bugger.
A shop assistant is around, so here i am, asking advices on what to buy instead of our dear lemmington compost.
"-Well, it depends love, what do you want to grow ?
- Arabidopsis thaliana...
- What ???
- Hm, a weed
- A weed ???? Oh boy... are you mad ?"

Well, maybe i am, but the cold room is now full of the richest compost ever, i've got sand to make sand castles, or maybe to mix to the compost, and this week i'm eventually going to be able to put my hands in some soil, and to grow my plants. Without them dying in the hostile environment of the old departmental growth rooms.
Life couldn't feel better for mad weed biologists.
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vendredi 1 juillet 2005

Bristol calling. 

Ce soir, je prends l'avion.
Ce soir, je vais en Angleterre.
Ce soir, je vais remonter Gloucester road et descendre Ashley down road.
Ce soir, je vais aller dire bonjour à mon take-away chinois préféré.
Ce soir, je vais peut-être monter au grenier pour constater les changements.
Ce soir, je vais essayer de ré-apprivoiser Seamus, et qui sait, d'ici la fin du WE il viendra peut-être à nouveau frotter son museau sur le mien.
Ce soir, je dors avec Teddy. Coincé sous ma couette.
Ce soir, je vais passer des heures sur la table en bois du jardin à rigoler en fumant des clopes avec Helen, devant un déca ou un verre de rouge.
Ce soir, je rentre à la maison.
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