vendredi 20 octobre 2006

J’te paye un pot ? 

Depuis quelques années (3 exactement), mon centre des impôts et moi jouons à un jeu idiot. Ils me prennent des sous sur un vieux compte français, et, s’apercevant que finalement je n’étais pas imposable, me remboursent après quelques mois (un effet pervers de la mensualisation). Notre je t’aime moi non plus aurait pu durer un moment encore, mais las, le Crédit Lyonnais a décidé de fermer mon compte, ne recevant plus de mes nouvelles. Enfin, pas qu’ils aient énormément cherché à me contacter, les gars qui ont le pouvoir de dire oui, mais dans la vie ma fille il faut apprendre à être proactive, et donc c’est entièrement de ma faute. Oui.
Alors depuis, forcément, la machine s’emballe, parce que mon centre des impôts, lui, ne m’a pas oublié. (Quelle preuve d’amour touchante). Et cherche par tous les moyens à me retrouver pour me signaler que rien ne va plus, il faut RÉGULARISER. Evidemment, impossible de me contacter, et c’est de ma faute une fois de plus : je souffre de façon aigue d’un désintérêt majeur pour tout ce qui a trait à la paperasserie en général et aux notifications de changement d’adresse en particulier (Telewest qui continue à fournir la télé à Helen et aux chats à Bristol peut aussi en attester, c’est toujours moi qui paye...)
Bref.
Mais voilà, mon centre des impôts est malin : il a trouvé (harcelé ?) ma mère, qui leur a fléché le chemin, ce qui est très citoyen de sa part.
Comme je suis une fille obéissante, et puisque je viens de me faire rappeler à l’ordre, je me suis donc rendue sur impots.gouv.fr, un beau site tout bleu et vert, si si, il faut avouer qu’ils ont un web-designer du feu de dieu chez impots.gouv.fr. Le but de la visite étant au moins leur donner ma nouvelle adresse (et s’ils me mettent un "Angleterre" à la fin je les butte), au mieux permettre à ma situation d’être enfin RÉGULARISÉE.
Bref.
Ils me proposent de m’inscrire. Soit, je clique.
« Pour débuter la procédure d'abonnement, saisissez votre numéro fiscal à 13 chiffres figurant en bas de la page 1 de votre déclaration de revenus 2005 reçue en 2006 ou figurant en haut de votre dernier avis d'imposition »
Ah, j’aurai du m’en douter, c’est un peu logique, mais disons que de déclaration des revenus 2005 reçue en 2006, euh… n'a pas été reçue, ou alors j'étais mal réveillée (ou je souffre d'amnésie sélective, ce qui est fort possible), et mon dernier avis d'imposition (2003 ? 2004 ?) est caché au fond d’un tiroir sous mon lit, ce qui dans la pratique revient à dire qu’il n’existe pas vraiment non plus…
Soit, cherchons un autre moyen.
4 jolis menus déroulants (bleu et vert toujours, des couleurs calmes et apaisantes, c’est bien) dont l’un traite de « vos préoccupations ». Bon, si impots.gouv.fr sait comment expliquer le profil d’expression de mon mutant en lumière bleue, vas-y dis-moi, parce que personnellement, je ne sais toujours pas comment sortir de l’aporie.
Ah non ?
« Famille », « Logement », « Pension alimentaire », tiens, je dois vivre dans un monde parallèle, parce que non, ce ne sont pas exactement mes préoccupations, finalement. Mais je suis mauvaise langue, il y a un onglet « vivre hors de France », et ça, oui, c’est moi. De là à dire que ça me préoccupe, ce serait un peu voir la vie en noir, m’enfin bon…
« Vous n’êtes pas fonctionnaire ou assimilé » (euh, non) « vous résidez hors de France » (oui, oui, c’est ça, c’est moi). Parfait, je clique.
En vert et en gros, ils m’apprennent « votre domicile fiscal est hors de France ». Certes, j’avais déjà compris ça, grâce à une lecture extensive il y a quelques années déjà des brochures éditées par Sa Majesté, ou Mr Tony, ou ni l’un ni l’autre mais juste le bureau de l’Inland Revenu, mais bref mon banquier est déjà au courant, croyez-moi, et c’est donc la raison pour laquelle j’ai arrêté de lui envoyer des déclarations, à mon centre des impôts.
« Vous êtes imposable en France si vous avez des revenus de source française ou si vous disposez d'une ou plusieurs habitations dans notre pays ». I wish. Mais non, hormis un vieux livret A soldé en 1999 à 49,27€, et un petit PEL (merci papa) caché au fond d’une caisse d’épargne du Loiret, je suis effectivement libre de toutes attaches financières – et françaises. Comme quoi la liberté c’est gratuit.
Donc voila, je sais à présent comment contacter le "centre des impôts des non-résidents". Auquel, si j’ai bien compris, je ne suis pas censée déclarer les revenus que je n’ai pas.
Bien.
Mais, euh, comment est-ce que je RÉGULARISE ?
Et surtout, ma nationalité française me condamne-t-elle ad vitam æternam à entretenir une relation quelconque avec un centre des impôts ?
Mais bon, pour RÉGULASRISER, je suppose qu’il me faut désormais fouiller sous mon lit pour retrouver un vieux numéro fiscal – voire le numéro de téléphone de mon centre des impôts à moi (parce que le "centre des impôts des non-résidents", j’ai finalement moyen envie de le contacter, une relation à trois me paraissant trop complexe à gérer) et expliquer calmement la situation en 3 exemplaires à un gentil fonctionnaire.
Et le tout parce que non, quand je suis partie de France, naïvement, je n'ai pas été proactive. Ou peut-être qu'à l'époque j'avais la tête ailleurs, plus un sou en poche, et une thèse à finir. Bref, un chariot de mauvaises excuses.
Alors (oui, je finis mes jérémiades par un petit message personnel, vous n'm'en voulez pas ?), je disais donc, alors, Maman, promis, je vais RÉGULARISER. Tu me donnes juste le temps de faire un peu de ménage sous mon lit, puis le courage de décrocher mon téléphone, d'accord ?
Allez, disons un ou deux ans pas plus ?
(Rho, mais si t’as plus le sens de l’humour où va-t-on ??)
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